
L
a musique commence et on écoute
l’interprétation de « Cajun Cookin » d’Andy Bakke. On va s’asseoir pour
jaser de la nourriture, de l’amusement, des réunions de famille et d’autres
rencontres d’Acadiens.
Ça fait des siècles qu’on fait ça, nous autres. Bien avant l’hiver 1605-1606, avant Jamestown, avant le Québec et certainement avant les premiers jours des Pères pèlerins de la colonie de Plymouth et leur journée d’action de grâce, les Acadiens fêtaient déjà l’Ordre du Bon-Temps. Dans les mots de nos cousins cadiens, « Laissez les bons temps rouler ! »
Les premiers chefs acadiens devaient maintenir un moral bien fort
pour pouvoir survivre aux hivers à Port-Royal, et il n’existait pas une meilleure
façon de faire cela que d’organiser une grande fête gastronomique. Nous apprenons
des récits de première main de Champlain et de Marc Lescarbot, qui séjournaient chez les
Acadiens ce premier hiver, que
"Or avait-il [le maître-d’hôtel] le soin de faire que
nous fussions bien et honorablement traités. Ce qui fut si bien observé, que
(quoi que les gourmands de deça nous disent souvent que là nous n'avions
point la rue aux Ours de Paris) [la rue aux Ours, qui existe encore
aujourd'hui à Paris, était la rue des rôtisseurs] nous y avons fait
ordinairement aussi bonne chère que nous saurions faire en cette rue aux
Ours, et à moins de frais. Car il n'y avait celui qui, deux jours devant que
son tour vint, ne fût soigneux d'aller à la chasse, ou à la pêcherie, et
n'apportât quelque chose de rare, outre ce qui était de notre ordinaire. Si
bien que jamais au déjeuner nous n'avons manqué de saupiquets de chair ou de
poissons : et au repas de midi et du soir encore moins : car c'était le
grand festin, là où l'Arachitriclin, ou Maître-d'hôtel (que les Sauvages
appellent Atoctegic), avait fait préparer toutes choses au cuisinier,
marchait la serviette sur l'épaule, le bâton d'office
en main, et le collier de l'Ordre au col, ... et
tous ceux
d'icelui Ordre après lui, portant chacun son
plat. Le même était au dessert, non toutefois avec tant de suite. Et au
soir, avant de rendre grâces à Dieu, il résignait le collier de l'Ordre avec
un verre de vin à son successeur en la charge, et buvaient l'un à l'autre.
(Partiellement adapté du vieux français by Parcs Canada Port Royal site;
http://www.pc.gc.ca )
Le festin se célébrait en grande pompe, avec toute la
cérémonie et magnificence possibles.
Quand les préparations de la grande table étaient
terminées, le maître d’hôtel prenait le bâton d’office et annonçait d’une
manière dramatique le menu du jour.
Les cérémonies d’ouverture terminées, le maître
d’hôtel donnait l’ordre : « Mangeons ! »
Une chose était certaine:
Ces premiers Acadiens prenaient le rôle de Maître
d’Hôtel très au sérieux.
C’était une question d’orgueil et d’honneur.
On créaient dans cette tradition de grandes
alliances qui leur seraient très utiles, car certains futurs maîtres d’hôtel
allaient pouvoir obtenir des Amérindiens, par troc ou par pot-de-vin, des mets
spéciaux complètement inconnus des autres colons !
Les premiers Acadiens pouvaient se procurer une grande
variété de poissons et de viandes, y compris le saumon frais, les rôtis de
volaille (canard colvert, oie perdrix et d’autres oiseaux), le venaison,
l’orignal, le caribou et d’autres mets spéciaux comme le castor, la loutre,
l’ours, le lapin, le chat sauvage et le raton laveur.
Les us et les coutumes ont évolué avec le temps,
mais dans le Nouveau-Monde le castor était une viande délicate semblable à celle
du mouton.

Magazin/Cave de l'HABITATION PORT ROYAL en 1605... Jeu pour le prochain festin
acadien de "L'Ordre du Bon Temps"... (Gracieuseté: Parcs Canada,
Lieu historique national Port
Royal.) |
Après le repas, le ventre plein, les Acadiens passaient la
soirée à côté du feu en se racontant des histoires et des blagues et en levant
les verres.
À la fin de la soirée le maître d’hôtel passait le collier
de l’ordre et le bâton à son successeur, et le prochain festin recommençait le
lendemain.
En considérant les cuisines acadienne et Cajun, n’oublions
pas le riche patrimoine que nous avons reçu de nos ancêtres.
Que Dieu les bénisse ! |
Il n’y a pas de question que les
repas bien-préparés font partie intégrale de toutes les cultures, et c’est
surtout vrai pour les Acadiens et les Acadiennes s’ils sont en Nouvelle-Écosse,
au Nouveau-Brunswick, au Québec ou en Louisiane.
C’est la raison pour laquelle nous ouvrons cette
nouvelle section qui aura comme sujet principal la nourriture et nos coutumes
gastronomiques.
Cette section aura deux parties.
La première, une « RECIPE ARCHIVE / ARCHIVE
RECETTE », sera la collection de toutes les recettes contribuées—recettes
acadiennes, cadiennes et franco-canadiennes.
S’il est possible, nous essayerons de distinguer
entre les recettes qui sont spécifiquement acadiennes, cadiennes et
franco-canadiennes.
Nos familles sont souvent d’origines mixtes, et la
nourriture et les coutumes deviennent mixtes aussi.
Dans la deuxième section nous essaierons
d’enregistrer nos coutumes et traditions acadiennes, cadiennes et
franco-canadiennes.
Dans notre site l’accent est sur la généalogie et
l’histoire acadiennes, bien entendu, mais nous allons inclure la nourriture et
les traditions franco-canadiennes pour pouvoir montrer plus facilement la
différence entre celles-ci et ce qui est uniquement acadien.
Par exemple, est-ce que les ployes sont acadiennes
ou franco-canadiennes ?
Les cretons ?
Et la tourtière, six-pâte, etc. ?
Or, la réussite de cette section
dépendra largement de vous, cher membre de la famille, cher visiteur—si vous
êtes acadien(ne), cadien(ne) ou franco-canadien(ne), ou si vous êtes anglophone
ou francophone.
Je donne une invitation spéciale à tous ceux et
toutes celles qui viennent de la Baie Ste.-Marie, de la Louisiane et de la
Vallée St.-Jean :
envoyez-nous les recettes de votre grand-mère, car
on a très envie de les voir et de les comparer aux recettes qu’on a déjà.
-
Envoyez-nous votre recette, et n’oubliez pas ces trois choses :
-
Dites-nous si vous pensez que la recette est acadienne, cadienne ou
franco-canadienne ;
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Donnez-nous la liste d’ingrédients, et
-
Donnez-nous les instructions de cuisson nécessaires.
Si vous avez une photo du plat fini, nous serions ravis de
l’afficher, et nous vous en donnerons le crédit.
Envoyez-nous donc toutes vos recettes acadiennes,
cadiennes et franco-canadiennes que vous gardez secrètes depuis des années.
Allez, partagez !
On vous attend…

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